Quand la besnoitiose frappe (témoignage AG 2020) :
mis en ligne le 18 mars 2020
Le cheptel de Sophie Grillat, éleveuse dans l’Ain, a été lourdement touché par la besnoitiose en 2014. C’est une maladie parasitaire des bovins, transmise par les taons et les stomoxes ou en utilisant une aiguille contaminée. Elle a témoigné vendredi dernier lors de l’assemblée générale du GDS sur ce douloureux épisode.
Cet article est rédigé par Ludovic Barbarosa pour le journal Terre de Chez Nous
C’est un triste hasard ! C’est une formation suivie avec le GDS de l’Ain qui a mis la puce à l’oreille de Sophie Grillat. Dans son élevage mixte (avec un cheptel de 165 bovins lait et 39 bovins viande), l’éleveuse a bien remarqué en ce printemps 2014 cette vache qui n’avait pas l’air bien. Et surtout sa « peau d’éléphant ». Une caractéristique particulière décrite par l’intervenant de sa formation… sur la besnoitiose.
« Quand le vétérinaire est arrivé sur l’exploitation, je lui en ai parlé. Mais visiblement, il n’avait pas été sensibilisé dans son cursus universitaire ou par son expérience professionnelle à cette maladie. Il a cherché dans d’autres directions. En vain ! » se souvient Sophie. Le temps passe mais la situation de l’animal ne s’arrange pas. Les bêtes ne paraissent pas en forme, leur production chute… L’éleveuse insiste pour que l’on pousse les investigations vers la besnoitiose. La suspicion est avérée après une analyse sérologique positive six mois plus tard. La besnoitiose frappe effectivement le troupeau de l’éleveuse.
Un véritable coup de massue. Quelques jours plus tard, 175 bovins de plus de six mois sont analysés. Avec à la clé 65 cas positifs et 4 douteux. Le troupeau allaitant est atteint en totalité et les vaches sont vides.
« Les divers achats d’animaux ont fait que les bêtes se sont contaminées entre elles. On s’est aussi souvenu qu’en sortant du fumier de l’aire paillée en sortie de l’hiver, on a remarqué un nombre important de mouches. Elles avaient continué de piquer les bêtes » explique l’éleveuse.
Il n’y a alors pas à tergiverser. Il faut se séparer de toutes les bêtes positives. Direction l’abattoir. « C’est la seule chose à faire. Je le conseille vivement. On a cherché à racheter des bêtes. Mais on ne sait jamais trop ce que l’on récupère. Alors, notre choix s’est porté sur des animaux du secteur » explique Sophie.
Une situation qui plonge l’exploitation dans le rouge, celle-ci ayant perdu les aides Pac des vaches allaitantes. Les aides financières du GDS01 et du Conseil départemental ne suffisent pas malheureusement à combler les pertes, estimés à plus de 20 000€.
« On commence tout juste à se remettre à flot et à retrouver notre niveau de génétique » ajoute Sophie. Une exploitation qui n’aspire qu’à aller de l’avant avec un troupeau de 80 têtes. Et surtout l’installation du fiston…
La besnoitiose est une maladie parasitaire des bovins, transmise par les taons et les stomoxes ou une aiguille contaminée. Il n’existe pas de traitement efficace, les animaux infestés sont contaminants à vie et il n’y a pas de vaccin. Le commerce des animaux est le facteur principal de l’évolution géographique de la besnoitiose. La prévention est donc primordiale.
La maladie se décline en trois phases détaillée dans la fiche maladie.
En juin 2019, le conseil d’administration du GDS 25 a décidé de rendre systématique le dépistage sérologique de la besnoitiose pour tous les animaux non-originaires de Franche-Comté introduits dans le département. Ce dépistage concerne également les animaux originaires d’éventuelles communes connues infestées de la région. Cette analyse est réalisée à partir du même prélèvement de sang que celui pour la recherche de l’IBR et le GDS pend en charge 80% des frais de l’analyse sérologique individuelle.
Un balayage départemental est également en cours (en parallèles des prophylaxies annuelles obligatoires). 40 000€ ont déjà été consacrés par le GDS à ce dépistage.