Maîtrisez les courants parasites en élevage
mis en ligne le 25 mars 2019 - Saône-et-Loire
Echanges avec Ludivine PERRACHON, technicienne au GDS 71 sur ces courants parasites :
Les courants parasites ou courants vagabonds sont des courants électriques en général de faible intensité, qui se propagent dans des milieux et matériaux conducteurs (sols humides, tubulaires, lactoducs, eau…) alors qu’ils ne devraient pas. Ils peuvent avoir plusieurs origines :
Logiquement, les courants parasites doivent rejoindre la terre si toute l’installation électrique et les structures métalliques sont correctement reliées à la terre et que les liaisons équipotentielles* sont correctes
En élevage il faudrait avoir des prises de terre à au moins 10 ohms, et c’est rarement le cas. Dans de telles situations, comme les courants électriques sont « fainéants » vont suivre le chemin où la valeur de résistance, c’est-à-dire la valeur en ohm est la plus faible et circuler dans les matériaux conducteurs qui peuvent être en contact avec les animaux (abreuvoirs, tubulaires…).
*En électricité, l’équipotentialité est l'ensemble des conducteurs électriques soumis à la même tension électrique, et ne possédant donc pas de différence de potentiel électrique.
Je me suis intéressée aux courants parasites après avoir vu lors de mes visites en élevage, des vaches boire comme le ferait un chien, en lapant. Un vétérinaire avait expliqué que les vaches étaient plus sensibles que l’Homme aux courants électriques, j’ai donc cherché à en savoir un peu plus sur le sujet pour comprendre la réaction des animaux d’élevage et trouver des pistes d’amélioration.
Les perturbations électriques peuvent se traduire sur les animaux par des troubles du comportement : vaches ou chèvres qui entrent difficilement en salle de traite, comportements agités, animaux qui «lapent » l'eau, ou qui évitent certaines zones du bâtiment, logettes inoccupées...
Parfois, des problèmes de santé sont imputés à ces perturbations (cellules, mammites, fertilité perturbée...) car les courants parasites génèrent un stress sur les animaux et donc une baisse d’immunité, ou tout simplement des vaches qui ne donnent pas « tout le lait ».
Il faut savoir que la résistance du corps humain varie selon les situations entre 1 000 et 5 000 ohms, alors que celle d’une vache se situe entre 500 et 700 ohms. De plus, les vaches ont le museau humide, quatre pattes qui reposent souvent sur un sol humide et n’ont pas de bottes en caoutchouc ! Donc on peut comprendre leur sensibilité.
A titre d’exemple, lorsqu’un courant circule dans les tubulaires avec une intensité de 2 mA à 6 mA cela génère un stress modéré à sévère pour la vache (lever de pied, tétanisation des muscles…) en fonction de l’humidité du sol.
1°/ Un éleveur avait des bêtes qui ne se couchaient plus dans une partie du bâtiment, il ne comprenait pas pourquoi. L’éleveur avait installé une clôture électrique pour empêcher les vaches de se rendre vers la fumière. La clôture électrique induisait un courant dans les tubulaires des logettes. Cette clôture a été remplacée par des barrières, les vaches ont réintégré les logettes le jour même.
2°/ Un éleveur avait un taux de fécondité non satisfaisant sur ses génisses depuis plusieurs années. Des courants étaient présents dans les abreuvoirs. Nous avons résolu le problème en déplaçant le poste de clôture électrique de l’intérieur à l’extérieur du bâtiment, et en reliant les abreuvoirs à la terre. L’année suivante, les génisses ont rempli correctement.
3°/ Un autre problème avec des vaches qui ne rentraient pas en salle de traite. Après avoir refait les liaisons équipotentielles en salle de traite et mis la salle de traite à la terre, le problème était résolu.
Les problèmes sanitaires tels que mammites, taux cellulaires élevés, troubles de la fertilité ont des origines multifactorielles. Avant d'incriminer d'éventuels problèmes électriques, les différents paramètres d'élevage doivent être réglés : alimentation, confort, hygiène, conduite générale du troupeau... Si tout semble correct mais que les problèmes persistent, une investigation sur le sujet des courants parasites se justifie pleinement.
Pour un diagnostic « courants parasites » : Contact Ludivine PERRACHON au GDS 71