DNC : témoignage d’un éleveur qui a assisté à un dépeuplement
mis en ligne le 14 novembre 2025
Comme d’autres, certains éleveurs responsables de GDS ont apporté leur assistance à des chantiers de dépeuplement des foyers de DNC. C’est une véritable épreuve qui ne laisse personne indemne. Voici le témoignage de l’un d’entre eux qui rend hommage au courage des éleveurs touchés par la DNC.
Quand les années auront passé, la crise laissera sur nous les cicatrices d'épreuves que l'on croyait, jusque-là, insurmontables. Mais que retiendrons-nous vraiment de ces luttes sanitaires qui se répètent et s'intensifient ?
Est-il nécessaire, comme d'autres le font, de s'enorgueillir de la manière d'accompagner les éleveurs et leurs troupeaux, victimes de la maladie ? A l'intérieur de cette voiture qui prenait la direction de Chamblay, rien ne nous permettait de comprendre ni de juger la détermination de nos collègues sans l'avoir vécue.
Alors, depuis ce dernier dépeuplement, les heures défilent. Et pas une ne s'écoule sans que nous ne pensions à vous, chers amis Jurassiens, à l'incompréhension et à la colère engendrée par la séparation de vos animaux. Néanmoins, quelque chose se réveillait en nous : une solidarité devenue discrète les jours de grande sérénité, un élan destiné à vous accompagner qui renforçait sans le vouloir, les liens entre les GDS de notre belle et grande région. Ce que nous espérions maintenant, mêmes lorsque seraient revenues les heures les plus calmes du combat sanitaire, c'est que jamais cela ne cesse.
Gloire à votre conduite, vous qui êtes restés forts en accompagnant vos animaux sans relâche, sans souffrance, dans un apaisement respectueux et un silence bercé de mélancolie. Votre détermination et votre amour témoignés à vos animaux ont forcé l'admiration de tous. Ce jour-là, sans doute, nous comprenions toute la signification du mot "courage".
Merci d'être devenus, malgré vous, nos exemples de vie. Pour l'association qui est la nôtre, la solidarité qui anime le combat collectif prend aujourd'hui tout son sens. Vous nous avez révélé ce que le métier d'éleveur avait de plus beau en lui, accompagnant vos tendres vaches qui, quelques heures plus tôt, paissaient paisiblement dans une prairie attenante.
Et qui, d'une placidité remarquable, attendaient maintenant leur sacrifice, sans comprendre pourquoi la maladie les avaient choisies, elles.
Le temps passera, oui, une année en chassant une autre et si peu de choses survivront à nos engagements respectifs. Pourtant, comme la vie n'est que paradoxe et que d'un malheur peut naître un nouvel espoir, cette tragique journée d'octobre restera sans doute l'une des plus riches de nos mémoires.
Jamais nous n'oublierons vos yeux rougis par l'émotion. Jamais plus nous ne parlerons de dignité sans expliquer combien elle vous imprégnait ce jour-là. Jamais nos valeurs ne trouveront pareil enseignement.
Mais nous reviendrons, le coeur rempli d'espérance, comme lorsque ce même soir, les suspicions d'un autre lot se levaient une à une, ravivant les sourires sur nos visages, toujours empreints d'émotion.
Prenant les formes d'un hommage aussi court que modeste, ce message s'adresse à nos héros, à celles et ceux qui dans quelques semaines, sur des prairies devenues provisoirement inhabitées et qu'un soleil d'avril refleurira, retrouveront enfin la noblesse d'élever de nouveaux troupeaux.