Actualité

Le sérotype 3 de la FCO (maladie animale non transmissible à l’humain) avait émergé en Europe en 2023 aux Pays-Bas. Au cours de l’été et automne dernier, il avait déferlé dans ce pays provoquant des dégâts sanitaires conséquents (lire ci-dessous), comparables à ceux du sérotype 8 lors de sa première apparition en Europe, notamment chez les ovins. Ce sérotype avait déjà contaminé en fin d’année l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Belgique.

Cette dernière a enregistré récemment une progression du virus vers la frontière française. Le 29 juillet, les autorités belges ont déclaré un foyer de FCO 3, dans la commune de Chimay, frontalière avec la France. Cette situation conduit le ministère de l’agriculture à activer les mesures prévues par la réglementation pour lutter contre la diffusion de la FCO 3 en France qui est considéré comme un sérotype exotique.

Instauration d’une zone régulée dans le nord de la France

Les virus de la FCO sont transmis par un même insecte vecteur, le très répandu culicoïde (petit moucheron piqueur). Compte tenu de la capacité du vent à porter ces insectes sur plusieurs dizaines de kilomètres, la réglementation prévoit la définition d’une zone dite « régulée » dans un périmètre de 150 kilomètres autour des foyers déclarés. Au 2 août, cette zone régulée (ZR) vient jusqu’au nord de l’Aube et de la Haute-Marne.

Cliquez sur la carte pour l’agrandir.

La Cartographie et la liste des communes en zone régulée FCO-3 sont mises à jour chaque semaine par la Ministère de l’Agriculture.

La mise en place de cette zone régulée conduit à restreindre les mouvements vers le reste du territoire national. Ainsi, pour être autorisés à quitter la zone, les animaux sensibles à la FCO (bovins, caprins, ovins) doivent faire l’objet d’un traitement de désinsectisation dans les deux semaines précédant leur départ et avoir obtenu un test de dépistage PCR négatif. Les moyens de transport doivent en outre être désinsectisés avant le chargement des animaux.

La désinsectisation fait l’objet d’une attestation par l’éleveur (modèle d’attestation de désinsectisation) à partir d’une liste de produits de désinsectisation qui peuvent être utilisés.

Pour les échanges intra-européens, les mouvements depuis la zone régulée pourront se poursuivre vers les Etats membres acceptant la désinsectisation et le test de dépistage négatif. Pour les autres Etats membres n’acceptant que des animaux vaccinés, les mouvements seront suspendus depuis la zone régulée. C’est le cas notamment de l’Espagne qui absorbe une partie des broutards français. Il est donc primordial que les éleveurs et les opérateurs commerciaux ne prennent aucun risque avec les animaux en provenance de zone régulée, au moins tant que les blocages avec certains pays ne seront pas levés.

Pour les échanges avec les pays-tiers, chaque pays définit ses propres conditions.

Quel rôle pour la vaccination contre la FCO 3 ?

Deux vaccins contre le sérotype 3 de la FCO ont récemment été mis au point par deux fabricants. Le ministère de l’agriculture en avait commandé avec deux usages en perspective. La vaccination pour permettre la sortie de zone régulée d’une part, et d’autre part une vaccination obligatoire dans une zone de 50 km autour d’un foyer.

Cependant, les premiers retours de leur usage aux Pays-Bas notamment indiquent que s’ils réduisent la virémie (et réduisent l’impact clinique et la mortalité), ils ne la réduisent pas suffisamment pour éviter l’infection et la diffusion du virus. C’est pourquoi le ministère de l’agriculture est en train de ré-évaluer sa réflexion à l’égard des usages de ces vaccins. Il prendra sa décision à court terme.

Signes cliniques à déclaration obligatoire

Toute suspicion clinique doit immédiatement être signalée par l’éleveur à son vétérinaire sanitaire qui procèdera aux prélèvements pour analyse de confirmation. Les coûts sont pris en charge par l’Etat (jusqu’à 3 animaux). En cas de confirmation, l’élevage sera déclaré infecté et soumis à des mesures comprenant l’interdiction de sortie des animaux vers d’autres élevages pendant 90 jours.

En cas d’aide par l’Etat ou le FMSE, seuls les foyers déclarés officiellement pourront prétendre à cette éventuelle aide.

Sur le plan clinique, d’après l’expérience néerlandaise, le sérotype toucherait préférentiellement les moutons, avec un taux de mortalité pouvant être significatif sur les moutons et moindre pour les bovins de plus d’un an. La production laitière des bovins est aussi affectée (- 1kg / jour / vache) lors du passage du virus.

Signes cliniques rapportés par les Pays-Bas :

La récupération des ovins touchés par le virus peut prendre des mois, avec des soins quotidiens lourds.

*La perte des sabots chez les ovins est un symptôme spécifique au sérotype 3 (par rapport au sérotype 8).

Si les caprins ne sont que très peu concernés par l’expression clinique des symptômes, ils restent une espèce sensible et sont donc concernés par la réglementation des mouvements.

Enfin, pour mémoire, la nouvelle souche du sérotype 8 de la FCO génère depuis un peu plus d’un mois de nouveaux foyers, plutôt dans le sud de la France. Et le virus de la MHE a recommencé également à circuler également dans le sud de la France pour le moment.