Maladie hémorragique épizootique : Monsieur le ministre, soyez pragmatique !
mis en ligne le 18 octobre 2023
« La lutte contre l’extension d’une maladie animale nécessite une volonté forte, des décisions cohérentes et rapides, l’engagement de moyens adaptés et d’obtenir l’adhésion des acteurs concernés. Nous peinons à trouver ces quatre impératifs au travers des décisions du Ministère.
Il existe une raison originelle à cela :
Le Ministère le sait. La MHE va inexorablement se répandre en France et sur une partie du territoire européen.
Le principal impact de cette maladie est commercial. Après la déclaration des trois premiers foyers français, il était nécessaire et utile de tenter de freiner l’extension de la zone réglementée afin de laisser le temps au ministère de réussir à rouvrir les marchés italien et espagnol qui absorbent chaque année près de 20 % des veaux français (veaux de 15 jours et broutards). Maintenant que ces deux objectifs ont été atteints, il faut supprimer les obligations pour la sortie de zone réglementée à destination de la France. Car cette mesure ne marchera pas et donc coûtera cher pour rien. Et il faut rappeler que la réglementation européenne ne nous impose pas de réglementer pour les mouvements intra-nationaux.
Il est toujours utile de tirer les enseignements des crises passées. Fin novembre 2017, le ministère avait imposé une vaccination obligatoire contre le sérotype 4 de la FCO. L’extension des foyers et l’absence d’impact clinique significatif, l’avait conduit à y mettre un terme un mois plus tard …
En plus des conséquences pratiques et économiques des obligations en sortie de zone réglementée, deux autres conséquences importantes sont à déplorer. Le ministère nous oblige à réaliser des traitements insecticides sans intérêt au regard de la balance bénéfice / risque vis-à-vis de la MHE. Ensuite, en sollicitant des éleveurs la déclaration de suspicions pour une maladie sans réel enjeu sanitaire, il nous fait perdre le sens de l’intérêt fondamental de cette mesure de vigilance. Souvenons-nous qu’il existe une maladie bien plus problématique qui fait baver et boiter les vaches… Il ne faudrait pas que les éleveurs perdent les bons réflexes.
Monsieur le Ministre, nous savons que votre ministère finira par lever l’obligation pour sortir de la zone réglementée. Ce n’est qu’une question de temps. Soyons pragmatiques et arrêtons dès à présent !
En revanche, nous vous rappelons qu’en accord avec tous les acteurs de l’élevage bovin, les GDS demandent au ministère depuis plus de 4 ans de réglementer au niveau national les mouvements pour la bonne efficacité de l’éradication de la BVD. Vous le voyez, nous ne sommes pas opposés par principe aux réglementations sanitaires, juste à celles qui sont vaines. »