La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale des bovins (buffles et zébus) caractérisée par l’apparition brutale de nodules sur la peau et les muqueuses internes. Elle s’accompagne généralement d’une forte fièvre et d’une inflammation des ganglions. Elle se transmet entre animaux essentiellement par piqûres d’insectes hématophages de type stomoxe ou taon.
Ce n’est pas une zoonose.
Documents utiles :
Mesures de biosécurité vis-à-vis de la DNC (plaquette GDS France)
Guide pratique des produits de nettoyage, désinfection et lutte antivectorielle
FAQ du ministère de l’Agriculture
Liste des communes de la zone réglementée
Fiche de communication et de sensibilisation à destination des détenteurs d’équins (rédaction par GDS France)
La maladie et son épidémiologie (16/07/2025 — Rédaction par la DGAl)
Etat des lieux des connaissances entomologiques
Synthèse de la lutte (rédaction GDS France)
La DNC est causée par un virus de la famille des Poxviridae et du genre Capripoxvirus (CaPV), genre viral auquel appartiennent également les virus des varioles ovine et caprine.
Elle est inscrite sur la liste des maladies de catégorie A de la Loi Santé Animale européenne. Il s’agit donc d’une maladie à éradication obligatoire en raison de son impact sanitaire et économique.
Dans les conditions naturelles, le virus (DNCV) de la dermatose nodulaire contagieuse n’est pathogène que pour les bovinés. Seuls les bovins, zébus et buffles d’eau (Bubalis bubalis) extériorisent cliniquement la maladie. Des cas ont été rapportés au sein de la faune sauvage chez des espèces exotiques.
Ce n’est pas une zoonose.
L’importance économique de la maladie est double : outre l’atteinte de l’état général qui entraîne un amaigrissement important, une chute de la production lactée et une baisse de la fécondité, elle provoque des dégâts irrémédiables aux cuirs et peaux.
La transmission vectorielle semble représenter le mode de transmission prépondérant dans l’épidémiologie de la maladie. Si le rôle des Stomoxes est établi, d’autres insectes hématophages pourraient aussi être impliqués (Moustiques, Culicoïdes …).
La transmission directe et la transmission indirecte (par exemple via l’abreuvoir) sont considérées comme possible mais moindre.
Une fois guéri, un animal ne reste pas porteur du virus. Il existe en revanche la possibilité d’une infection asymptomatique mais cela reste peu documentée. La transmission mère-foetus est possible ainsi que la transmission iatrogène (via une aiguille).
La période d’incubation varie de 4 à 14 jours mais elle peut atteindre un mois.
Les principales sources de virus sont les nodules, squames et croutes, le jetage, les larmes, la salive, la semence et le lait. Dans les lésions cutanées des animaux convalescents, le virus peut être isolé pendant 39 jours.
La résistance du virus est très grande dans le milieu extérieur : il faut au moins 80 jours à 20°C, 8-10 jours à 37°C et 1h à 56°C pour l’inactiver. En revanche, il est très sensible aux rayons ultra-violets.
Classiquement, la dermatose nodulaire contagieuse débute par une hyperthermie (> 40°C) qui peut persister durant deux semaines.
Habituellement, les symptômes généraux précèdent l’apparition des signes cutanés : l’hyperthermie s’accompagne d’abattement, d’une perte d’appétit, de larmoiement, de jetage, d’hypersalivation et d’une chute brutale de la lactation. Une adénite généralisée est présente : les ganglions peuvent décupler de volume.
Le premier signe cutané est l’apparition d’un hérissement des poils, suivi par l’apparition de nodules durs, arrondis et indolores, de 0,5 à 6 cm de diamètre, non adhérents. Ils siègent préférentiellement sur la tête (pourtour des yeux et du mufle), le cou, les membres et la mamelle.
On peut aussi trouver des nodules sur les muqueuses : bouche, nez, yeux, vulve, prépuce, ainsi que sur la trachée. Dans ce cas, ils sont peu saillants et de couleur gris-jaunâtre. Une conjonctivite peut s’installer, souvent associée à une kératite. Sur les muqueuses buccale et trachéale, ces nodules s’érodent, engendrant douleur et hypersalivation, empêchant l’animal de s’alimenter.
Lors d’atteinte de la mamelle, on observe un œdème prononcé et l’apparition de petits nodules puis d’ulcères, tant sur les trayons que sur la paroi de la mamelle elle-même. Des œdèmes sous-cutanés très étendus sont fréquents sur les lombes, le fanon et les membres, faisant parfois éclater la peau.
Lorsque les nodules ne s’indurent pas, ils se nécrosent et un sillon disjoncteur se forme autour de la lésion. Les nodules finissent par se dessécher et se détacher du tissu sous-jacent en deux à cinq semaines, laissant une plaie en cône à l’emporte-pièce (voir photo).
Lésions cutanées de deux mois en voie de cicatrisation (cliché J. M. Gourreau)
Dans les formes graves, l’état général s’altère rapidement et l’on peut observer une pneumonie, un arrêt de la rumination et une météorisation si des nodules affectent les piliers du rumen. Ces atteintes digestives et respiratoires sont plus fréquentes chez les jeunes. Leur évolution est très longue et les séquelles sont nombreuses (avortements, stérilité, tarissement de la sécrétion lactée, amaigrissement). La mort n’est pas rare : elle peut être due à une toxémie ou à la dénutrition.
Des formes bénignes, voire inapparentes, existent. Les symptômes généraux sont alors frustes ou absents, les nodules cutanés, quand ils existent, sont de petite taille et guérissent rapidement. En revanche, la réaction fébrile et l’hyperthermie sont constantes. Ces formes pourraient jouer un rôle dans le maintien de l’infection car le virus a été retrouvé dans la salive et le sperme d’animaux apparemment sains.
La nature des souches virales, l’âge des animaux, la race, l’état général associé aux conditions d’élevage mais aussi des facteurs individuels encore indéterminés semblent susceptibles influencer la sévérité des signes cliniques observés chez les animaux infectés.
La mortalité est faible, sauf dans le cas de maladies intercurrentes.
Le diagnostic clinique est aisé en zone d’enzootie, l’éruption de nodules cutanés entourés d’un sillon disjoncteur étant caractéristique. Pour les races à poils longs ou en cas de forme clinique modérée, un examen du corps par palpation peut être plus adapté que le seul examen visuel.
On doit aussi prendre en compte la morbidité, inférieure à 50 % en zone d’enzootie mais souvent supérieure à 90 % dans un pays où la maladie n’existait pas.
L’affection qui ressemble le plus à la dermatose nodulaire contagieuse est la pseudo-dermatose nodulaire ou maladie d’Allerton, due à un herpesvirus, le BHV2. Dans cette maladie, l’état général est peu atteint et les lésions consistent en des ulcères superficiels avec une guérison en 2-3 semaines.
Les autres maladies avec lesquelles on peut confondre la dermatose nodulaire contagieuse sous nos latitudes sont :
Sur l’animal vivant : il convient en première intention de réaliser des biopsies de nodules cutanés (2 à 4 nodules) et de prélever du sang (tube EDTA) en particulier au cours de la phase fébrile de la maladie et, le cas échéant, les sécrétions lacrymales, nasales et orales par écouvillonnage en fonction des signes cliniques observés (larmoiement excessif, jetage, hypersalivation…) au tout début de la maladie.
A l’autopsie, les nodules sur organes internes (poumons, tractus digestif, ganglions…) peuvent être éventuellement prélevés.
Un diagnostic d’urgence visant à identifier l’agent pathogène est réalisé par la mise en œuvre de PCR.
Dans les lésions cutanées des animaux convalescents, le virus peut être détecté jusqu’à 92 jours.
Les prélèvements de sang sur tube sec (collection du sérum) pour analyse sérologique sont intéressants pour des foyers anciens (au-delà de 15 jours) et de ce fait, ne sont pas réalisés en première intention.
Le DNCV engendre l’apparition d’anticorps, détectables 14 jours après le début de l’infection et qui persistent en moyenne pendant 6 mois.
Les animaux qui survivent à la maladie présentent une immunité solide et durable. Les veaux nés de mères immunisées bénéficient de l’immunité passive colostrale pendant six à huit semaines.
La maladie évolue classiquement sous une forme enzootique, avec flambées périodiques lorsque les conditions climatiques sont favorables. Les foyers apparaissent en général aux périodes de pullulation des insectes.
Si la médiane de la vitesse de diffusion liée à la transmission vectorielle est relativement basse (de l’ordre de 7 à 8 km/semaine), la distribution de cette vitesse est hétérogène, ce qui reflète très vraisemblablement deux modes de diffusion :
Les foyers sont préférentiellement situés dans des zones humides, le long des rivières et près des collections d’eau, certainement en lien avec les populations d’insectes.
Des foyers ont été détectés jusqu’à 2 000 m d’altitude (Monténégro).
Un élevage déclaré infecté fait l’objet de mesure de dépeuplement afin d’éviter que cette maladie ne s’installe et ne se dissémine.
Une zone réglementée d’un rayon de 50 km (ZP de 20km et ZS de 30 km) est instaurée autour de chaque élevage infecté, avec notamment des mesures de :
Les mouvements sont interdits à partir, à destination et à l’intérieur de chaque ZP et ZS. Il existe des dérogations, sous autorisation de la DDPP, pour des mouvements d’abattage, à partir, à destination et à l’intérieur de la ZR. Les mouvements de mise en pâture dans la ZS peuvent être autorisées par la DDPP sous respect de conditions strictes.
Synthèse des mouvements possibles ou non en date du 15/07/2025 : ICI
Bien que les chevaux ne soient pas sensibles au virus de la Dermatose nodulaire contagieuse, ils attirent néanmoins les stomoxes et les taons. Leur présence à proximité d’un élevage bovin peut ainsi favoriser une augmentation de la densité de ces vecteurs, et par conséquent, accroître le risque de transmission de la DNC entre les bovins. Par ailleurs, les chevaux étant fréquemment déplacés, ils peuvent constituer un vecteur passif de diffusion des insectes piqueurs depuis une zone réglementée vers une zone indemne. Une fiche de communication et de sensibilisation (rédaction par GDS France) présente quelques recommandations aux détenteurs de cheveux pour prévenir et maîtriser le risque de diffusion de la maladie.
La traversée d’une ZR à partir d’une zone non réglementée et vers une zone non réglementée est possible à condition de ne faire aucun arrêt dans la ZR.
Dans la zone réglementée, la gestion des effluents fait l’objet de restrictions détaillées : ICI
Aucun traitement spécifique n’est connu. Les soins aux animaux reposent sur l’atténuation des symptômes exprimés.
Sur autorisation de l’Union européenne, une vaccination à visée d’éradication peut être imposées aux détenteurs des espèces sensibles.
C’est un outil efficace ainsi qu’en atteste notamment les expériences bulgare et kosovar.
La vaccination dans la Zone réglementée de France a débuté le 18 juillet 2025, à partir de vaccin atténué produit en Afrique du Sud et accessible via la réserve de la Commission européenne. La vaccination est en une dose et se fait en injection sous-cutanée. L’immunité s’installe 10 jours après l’injection et la protection est complète 21 jours après l’injection. Cette vaccination obligatoire est réalisée par le vétérinaire sanitaire et tracée. Elle est strictement réservée à la Zone réglementée.
Pour une maladie telle que la dermatose nodulaire contagieuse, la prévention sanitaire repose essentiellement sur le respect de la réglementation.
Un premier foyer de dermatose nodulaire contagieuse a été confirmé le 29/06/2025. Il s’agissait du 1er foyer jamais détecté en France. Le fil d’actualité sera mis à jour au fil de l’évolution de la situation.
La dermatose nodulaire contagieuse est présente dans plusieurs régions du monde.
Foyers de DNC dans le monde entre le 01/01/2020 et le 5/11/2024. La DNC est enzootique en Afrique sub-saharienne (Source : EMPRES-i, novembre 2024)
La DNC a atteint les Balkans en 2015-2016 et a été éradiquée grâce à un ensemble de mesures de lutte, parmi lesquels une campagne de vaccination régionale qui a joué un rôle déterminant.
La DNC est présente en Afrique du Nord depuis 2023.
La dermatose nodulaire contagieuse n’est pas transmissible à l’humain, ni par contact avec des bovins infectés, ni par l’alimentation, ni par piqûres d’insectes.
Il n’y a en outre aucun risque pour la santé humaine lié à la consommation de produits issus d’animaux infectés.