La Fièvre catarrhale ovine (FCO), autrement appelée Bluetongue ou maladie de la langue bleue en français, est une maladie virale dont la transmission est assurée par un Culicoïde (moucheron piqueur).
Le virus responsable de la FCO est dénommé « bluetongue virus » et appartient à la famille des Reoviridae (virus à ARN).
On dénombre 26 sérotypes viraux différents dans le monde, dont les sérotypes : BTV1, BTV3, BTV4 et BTV8.
L'infection, ou la vaccination pour l’un des sérotypes ne protège pas nécessairement contre les autres.
Sur le plan national, selon le sérotype, soit la maladie n’est pas réglementée (BTV4 continental et BTV8), soit la maladie fait l’objet de mesures réglementaire comme pour le BTV3. Dans ce cas, toute suspicion doit être déclarée auprès des services de l’Etat, qui pourront mettre en œuvre des mesures de lutte obligatoire.
En revanche, pour la vente d’animaux français vers un pays étranger, il peut y avoir des contraintes, même si la maladie n’est pas réglementée sur notre territoire.
La maladie est non transmissible à l’Homme, ni par contact avec un animal infecté, ni par la consommation de ses produits (viande ou lait).
Les espèces sensibles à la FCO sont les ruminants domestiques, principalement les ovins et les bovins, mais également les caprins et les camélidés ainsi que l’ensemble des ruminants sauvages. Chaque souche de virus a sa propre virulence, qui peut différer d'une espèce animale à l'autre.
Il n’y a pas de transmission par contact d’un animal à l’autre. C’est le déplacement des populations d’insectes porteurs qui assure la circulation du virus. La dernière vague de circulation du virus en Europe a montré que la diffusion est rapide et difficilement maîtrisable.
La FCO est une maladie non contagieuse. La transmission du virus est presque exclusivement assurée par la piqûre infectante des moucherons piqueurs de type Culicoïde, qui est donc le vecteur de la maladie.
La capacité du Culicoïde a réaliser une diapose permet au vecteur de traverser les saisons.
Ces insectes vecteurs peuvent être déplacés par le vent sur plusieurs dizaines de kilomètres. Mais pour que la maladie se développe, il faut bien que l'insecte soit porteur du virus.
L’incubation asymptomatique est comprise entre 2 et 8 jours.
Chez les bovins, la virémie intervient majoritairement entre le 3ème jour et le 10ème jour après l’infection, mais le virus persiste jusqu’à 100 jours dans le sang. Les ovins sont porteurs durant 60 jours. Le virus a pu être retrouvé dans le sperme.
En aucun cas le virus n’est excrété dans la salive ou le jetage. Il n’est donc pas présent en milieu extérieur.
Les animaux infectés ne sont pas tous malades, et les malades n’expriment pas forcément tous les signes.
Pour ce qui est du sérotype 8 qui circule en 2023 :
OVINS |
BOVINS |
- Œdème de la face/mufle/inter-mandibulaire - Conjonctivite/Larmoiement/Jetage nasal - Erosions/ulcères/croûtes sur le mufle - Œdème /cyanose de la langue - Hyper-salivation - Œdème et/ou congestion des bourrelets coronaires associés à une boiterie - Raideur des membres - Erosions/ulcères/croûtes/pétéchies au niveau de la mamelle - Perte de laine |
- Conjonctive /Larmoiement/Yeux exorbités - Œdème péri-oculaire /Jetage nasal - Erosions/ulcères/croûtes sur le mufle - Congestion ou pétéchies sur le mufle - Congestion des lèvres/de la muqueuse buccale - Œdème et/ou congestion des bourrelets coronaires associés à une boiterie - Œdème pâturons, boulet, canon, carpe/jarret - Erosions/ulcères/croûtes/pétéchies au niveau de la mamelle |
Plus de photos illustrant les symptômes : ICI
Signes cliniques rapportés par les Pays-Bas :
OVINS |
BOVINS |
- Fièvre - Hypersalivation et bave, jetage nasal - Lésions et/ou ulcération des muqueuses buccales, nasales et oculaires - Œdème de la tête - Boiterie et raideur des membres, |
|
- Abattement - Périarthrite - Cas graves mais non exceptionnels : perte des sabots (conduisant à l’euthanasie de l’animal)* - Mort |
- Baisse de production de lait - Congestion du mufle - Conjonctivite - Lésions de la mamelle - Inflammation du bourrelet coronaire - Œdème des membres - Transmission verticale |
La récupération des ovins touchés par le virus peut prendre des mois, avec des soins quotidiens lourds.
*La perte des sabots chez les ovins est un symptôme spécifique au sérotype 3 (par rapport au sérotype 8).
Si les caprins ne sont que très peu concernés par l’expression clinique des symptômes, ils restent une espèce sensible et sont donc concernés par la réglementation des mouvements.
Il ne faut pas confondre activité vectorielle et circulation virale. Seule une analyse PCR confirme un diagnostic.
La circulation de la FCO est permise en présence des « 3 V » : le virus, le vecteur insecte et une victime. Les mouvements d’animaux porteurs permettent la contamination du vecteur. Ce vecteur se déplace au gré du vent ou des transports. Ces éléments participent à la diffusion rapide de la FCO.
Il n’existe pas de traitement. Les principales mesures sont :
Lorsqu’il existe des mesures de luttes, elles sont définies par les services de l'Etat.
La vaccination est facultative ou obligatoire selon les cas. Elle doit être réalisée par le vétérinaire sanitaire pour bénéficier d’une certification nécessaire aux mouvements vers des pays indemnes de ce sérotype.
La vaccination contre deux sérotypes (ou trois sérotypes si un vaccin est bivalent) peut être réalisée le même jour. Privilégiez une vaccination de chaque côté de l’encolure. Mais il convient de ne pas vacciner contre une autre maladie ce jours là.
Le GDS a rédigé une fiche récapitulative, afin d'aider les éleveurs dans leur choix de stratégie vaccinale.
Les pertes cliniques sont variables d’une exploitation à l’autre. L'impact économique est lié à la fois aux pertes cliniques et aux pertes économiques liées au blocage des animaux lorsque les mouvements intra-nationaux sont soumis à condition.
La FCO est une contrainte pour le commerce international.
Situation en France
Le 6 novembre 2017, un foyer à sérotype 4 a été confirmé dans une exploitation de Haute-Savoie. Des mesures de protection ont aussitôt été aussitôt mises en place mais les résultats de la surveillance ont rapidement démontré que la stratégie initiale d’éradication était illusoire et trop couteuse par rapport aux bénéfices escomptés. L’arrêté ministériel du 28 décembre 2017 a classé le sérotype 4 comme un virus « enzootique » (et non plus comme exotique). Son éradication sur le territoire n’est plus recherchée.
Le 11 septembre 2015, le Ministère de l'Agriculture a annoncé un premier foyer à sérotype 8 dans une exploitation bovine/ovine de l'Allier. Depuis 2017, le virus circule sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Plusieurs cas cliniques de Fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (FCO-8) sont apparus chez des bovins et des ovins depuis début aout 2023 dans le sud du Massif Central. Initialement localisée à quelques communes, la maladie se propage de semaines en semaines. Il s’agit d’une nouvelle souche de sérotype 8 différente de celle qui a circulé en Europe entre 2006 et 2009 et depuis sa réémergence en 2015. L'origine de cette nouvelle souche de FCO-8 reste indéterminée. L’impact clinique est donc lié à cette nouvelle souche. Sa diffusion devrait être similaire à ce qui a été observé lors des épisodes précédents.
L’évolution de la situation épidémiologique est tenue à jour : ICI.
Le BTV 3 a envahi les Pays-Bas au cours de l’été et automne 2023 et provoqué des dégâts sanitaires conséquents (mortalité, baisse de la production laitière), comparables à ceux du sérotype 8 lors de sa première apparition en Europe, notamment chez les ovins. Ce sérotype a déjà contaminé l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Belgique.
Le 29 juillet 2024, les autorités belges ont déclaré un foyer de FCO 3, dans la commune de Chimay, frontalière avec la France. Cette situation conduit le ministère de l’agriculture à activer les mesures prévues par la réglementation pour lutter contre la diffusion de la FCO 3 en France, considéré comme un sérotype exotique. Le 5 août 2024, la France déclare son premier foyer de FCO-3 dans un élevage ovin situé dans la commune de Marpent dans le Nord. Un premier cas est également déclaré au Luxembourg, à 15 km de la frontière française. Depuis, de nombreuses suspicions font l’objet d’analyse en laboratoire et la situation se dégrade.
Une zone de 150 km autour des foyers est mise en place, dite zone régulée (ZR) et elle définit des conditions de sortie des animaux de cette zone. Le Ministère de l’Agriculture publie un zonage et une liste de communes concernées par la ZR chaque vendredi matin.
Un vaccin est proposé aux Pays-Bas depuis mai 2024 et en France depuis mi-août 2024. En France, la vaccination est volontaire et la demande de vaccin doit se faire auprès de son vétérinaire sanitaire.
Si les pertes et les frais vétérinaires sont importants, l’élevage peut faire une demande d’indemnisation auprès du FMSE, via son GDS.
Dans la France continentale, les mouvements d’animaux sont libres.
De manière générale, les animaux sont éligibles aux échanges et aux exports s’ils sont valablement vaccinés contre les sérotypes 4 et 8 au moins 60 jours avant leur départ.
La LSA (entrée en vigueur le 21/04/2021) remet en cause les accords bilatéraux signés avec certains pays européens depuis plusieurs années, qui ont dû être adaptés. Les actualités régionales apportent des compléments.
Pour un mouvement vers un autre pays ou concernant les produits de reproduction (embryon, semence fraîche), se renseigner auprès de sa DDETSPP.
Une zone régulée (ZR) est mise en place en août 2024. La Cartographie et la liste des communes en zone régulée FCO-3 sont mises à jour chaque semaine par la Ministère de l’Agriculture.
Le mouvement doit intervenir au plus tard dans les 14 jours suivant le prélèvement. Une désinsectisation efficace du moyen de transport doit être réalisée avant sa sortie de la ZR.
La désinsectisation fait l’objet d’une attestation par l’éleveur (modèle d’attestation de désinsectisation) à partir d’une liste de produits de désinsectisation qui peuvent être utilisés.
Pour les jeunes animaux, des dérogations existent.
Les animaux vaccinés avec le Bulvato 3 (et uniquement ce vaccin) peuvent sortir de la zone réglementée pour aller en zone indemne en France ou dans les pays européens (60 jours après la vaccination pour ces derniers). Dans ce cadre, la vaccination doit être réalisée et certifiée par le vétérinaire sanitaire. Elle est à la charge de l’éleveur.
Le délai post vaccinal permettant de sortir de la ZR pour la ZI en France ou pour les Etats membres ayant cette dérogation pour les vaccins FCO 4 et 8 est le même pour le sérotype 3.
Il est recommander d’attendre au moins 10 jours entre l’injection du vaccin et le prélèvement sanguin.