Expression de la maladie – Symptômes et incubation
Epidémiologie - Transmission du virus
La Rinotrachéïte Infectieuse Bovine (IBR) est une maladie infectieuse due à l'herpèsvirus bovin de type 1 (BHV-1). Elle est contagieuse et spécifique aux bovins. Il existe plusieurs souches sauvages et le virus est peu résistant au milieu extérieur (rayonnement solaire par exemple).
L’IBR est classé comme danger sanitaire de seconde catégorie.
Toutes les souches ne présentent pas le même pouvoir pathogène. Certaines montrent une prédisposition pour l’appareil respiratoire supérieur (rhinites, trachéites), d’autres pour l’appareil génital (vulvovaginite pustuleuse infectieuse) et certaines peuvent provoquer des symptômes oculaires, digestifs, ou nerveux.
L’intensité des manifestations cliniques varie également selon les souches : d’une infection inapparente sans symptômes (animaux porteurs sains et excréteurs potentiels) à une expression clinique légère ou grave.
Le BHV 1 est également capable d’induire des encéphalites principalement chez les jeunes veaux associé à un autre herpèsvirus bovin, le BHV 5.
La porte d’entrée du virus se situe au niveau des cellules de la muqueuse respiratoire ou de la muqueuse génitale. Il peut y avoir ensuite dissémination dans l’organisme sans forcément provoquer de symptômes. A ce moment, le virus peut être excrété dans le mucus à des taux parfois élevés. Cette période d’excrétion primaire correspond donc à une forte dissémination du virus dans le milieu extérieur avec un pic d’excrétion vers le 5ème jour après infection.
En réponse à l’infection, l’animal développe des défenses immunitaires permettant de surmonter l’infection et d’arrêter l’excrétion virale primaire au bout de 10 à 16 jours.
Malgré le développement des anticorps, le virus s’installe sous forme latente dans l’organisme de l’animal qui devient à vie porteur latent sans symptômes. Le virus se loge très souvent dans les ganglions trijumeaux.
Le virus latent peut alors reprendre de nouveau un cycle de multiplication sous la pression de certains stimuli :
La réactivation virale peut conduire à une réexcrétion du virus avec peu ou pas de signes cliniques de la maladie et contaminer ainsi discrètement les autres animaux. Cette réexcrétion est très faible voire nulle si l’animal présente une bonne immunité, d’où l’intérêt d’entretenir la production d’anticorps en vaccinant régulièrement.
Le virus est excrété dans les sécrétions respiratoires, oculaires et génitales du bovin infecté.
Le jetage nasal représente la source majeure d’infection.
C’est la forme la plus fréquente et la plus spectaculaire. Elle atteint les bovins de tout âge. La période d’incubation dure 2 à 4 jours mais le virus est présent dans le jetage nasal dès 24 heures après l’infection. Les symptômes sont :
En l’absence de complications de surinfections bactériennes occasionnant des pneumonies graves, la guérison survient après 15 jours avec la montée des anticorps.
Toutefois certaines souches très virulentes du virus peuvent induire un taux élevé de mortalité.
Une épidémie d’IBR peut conduire à des avortements entre le 4ème et le 7ème mois de gestation.
L’infection par le virus peut occasionnellement provoquer des lésions ovariennes autour de l’œstrus, ayant pour conséquence de la mortalité embryonnaire précoce et des retours en chaleurs.
La réactivation virale suite à une latence n’est pas considérée comme un risque d’avortement.
Cette forme génitale était la seule observée dans les années 50. L’intensification des méthodes de production a été associée à l’émergence de la forme respiratoire, aujourd’hui prédominante.
C’est une inflammation pustuleuse des muqueuses du vagin et de la vulve chez la femelle, du prépuce et du gland chez le mâle. Elle s’accompagne de fortes températures. Les symptômes persistent pendant 1 à 2 semaines.
L’infection se transmet par voie sexuelle et par contacts non sexuels.
Une vache subissant une césarienne et contaminée par le virus de l’IBR peut développer une inflammation sévère de l’utérus et du péritoine, appelée métro-péritonite.
Des cas d’encéphalite ont été rapportés principalement chez des jeunes animaux, avec des formes sévères presque toujours mortelles. Cependant cette forme pourrait être provoquée par un virus différent de l’IBR, appartenant à la même famille (BHV-5).
La maladie débute 3 ou 4 jours après la naissance. Elle est due à l’infection des vaches durant le dernier tiers de la gestation, ou à l’infection du veau à la naissance par la transmission horizontale du virus de la mère au veau.
Cette infection induit des septicémies diarrhéiques et/ou pneumonies aiguës mortelles en quelques jours.
Un diagnostic clinique est réalisable s’il est confirmé par une sérologie. Cependant, les animaux étant souvent asymptomatiques, le dépistage est principalement réalisé par analyse sérologique (individuelle ou collective selon les cas). Ce dispositif est imposé la règlementation.
Tout bovin qui aurait un résultat sérologique non-négatif est vacciné ou abattu.
A noter que la recherche virale est possible mais très complexe. Elle demande un prélèvement des ganglions et donc la mort de l’animal.
L’excrétion du virus se faisant principalement par jetage nasale, la transmission se fait essentiellement par contacts directs entre les animaux, de mufle à mufle ou léchage.
La contamination par voie aérienne sur une courte distance est également possible par aérosolisation de gouttelettes de mucus nasal lors d’épisodes de toux et éternuement.
Une autre source d’infection est constituée par le sperme de taureaux infectés. Tous les taureaux des centres d’inséminations sont bien entendus indemnes d’IBR.
Les personnes soignant des bovins excrétant le virus peuvent le transmettre à d’autres animaux par l’intermédiaire du matériel ou des vêtements souillés par des sécrétions nasales.
La gestion des refus alimentaires de lot à lot peut également être un facteur de risque majeur.
Le virus est sensible à la plupart des désinfectants usuels : ammoniums quaternaires, formol …
La contamination entre troupeaux se fait principalement par contact direct lors d’une introduction : achat, prêt, pension, retour d’estive, de comices ...
Dans des régions où l’IBR circule encore beaucoup, une transmission entre voisins de pâture est possible, si les animaux sont en contact direct (simple clôture, saut de pâture …)
Le principal facteur de risque réside dans l’introduction d’un bovin excréteur asymptomatique mis en contact avec le troupeau. Il faut donc mettre en place des mesures de biosécurité adaptées pour éviter la contamination.
Comme pour la plupart des maladies virales, il n'existe pas de traitement spécifique. La prophylaxie réalisée et la certification d’élevage constituent le dispositif de lutte et de surveillance de l’IBR.
Il existe de vaccins à virus tués inactivés. La vaccination répétée des animaux porteurs latents contribue fortement à limiter le phénomène de ré-excrétion et donc à maîtriser la circulation virale dans l'élevage.
En revanche la vaccination d’un animal n’ayant jamais rencontré le virus n’empêchera pas celui-ci d’infecter l’animal et de s’y installer à l’état latent. La vaccination permet seulement de diminuer les symptômes de la maladie et de réduire voire d’empêcher l’excrétion nasale du virus.
Pour se prémunir d’une contamination, il faut :
La France s’est engagée vers l’éradication de l’IBR, avec l’entrée en vigueur de la LSA. L’arrêté ministériel du 10 juin 2024, remplaçant l’arrêté ministériel du 5 novembre 2021 fixe les mesures du programme de surveillance l’IBR, des restrictions pour les animaux infectés et cheptels infectés ou non indemnes. Le maître d'oeuvre désigné est le GDS.
Les mesures concernant la prophylaxie annuelle sont décrites dans le programme d’éradication de la maladie IBR local. Les mesures de prophylaxies à l’introduction sont détaillées dans le paragraphe Introduction d’un bovin.